Violence contre l’ALEPE : le tribunal de Mende résiste aux pressions syndicales et condamne les agresseurs
« La chasse aux écolos est ouverte » : telle était l’une des banderoles qui accueillaient le personnel de l’Associati on Lozerienne pour l’Etude et la Protection de l’Environnement (ALEPE) et de France Nature Environnement Languedoc Roussillon, ce jeudi 4 février au Tribunal de Mende.
Ce tribunal jugeait 7 agriculteurs se déclarant de la coordination rurale pour avoir, en novembre dernier, séquestré le personnel de l’ALEPE avant de saccager leurs bureaux en parsemant des carcasses de brebis pleines d’asticots, en piétinant les écrans d’ordinateurs ou encore en jetant du matériel et des dossiers par la fenêtre. La revendication du commando ? L’ALEPE doit reconnaître l’éleveur comme une espèce à protéger et le loup une espèce à éradiquer. Le jour de l’audience, malgré la forte pression syndicale, le tribunal a finalement condamné ces violences.
Réaction et récit de cette journée sous tension par Simon Popy, président de FNE Languedoc Roussillon :
« Nous étions hier aux côtés de l’ALEPE pour l’audience des 7 éleveurs de la Coordination Rurale accusés de violence en réunion et dégradation de biens. Une audience qui a duré 3 bonnes heures et sous haute tension, dans une salle bondée.
200 agriculteurs s’étaient rassemblés devant le tribunal avec tracteurs et banderoles du type « La chasse aux écolos est ouverte ». Ils étaient essentiellement de la Coordination Rurale mais en cette période pré-électorale, malgré leurs différences, d’autres syndicats étaient présents et avaient appelé à rejoindre la manifestation (JA et FNSEA). Le sénateur-maire divers-gauche de Mende, Alain Bertrand, s’était aussi déplacé pour manifester sa solidarité avec les éleveurs, déclarant « je suis contre la violence du loup ».
Les 7 prévenus ont reconnu les faits, mais, galvanisés par l’effet de groupe, ont utilisé l’audience comme une tribune syndicale.
Le procureur a tenu une accusation extrêmement faible, reprochant aux prévenus d’avoir desservi la cause, suggérant aux éleveurs de traquer le loup (!) plutôt que les écologistes, pour au final qualifier son réquisitoire de volontairement léger. S’il a tout de même souligné l’excellent travail (sic) de l’ALEPE, il n’a requis comme condamnation que 1000 euros d’amende pour chacun dont 500 assortis du sursis « concernant le délit de violence aggravée ». L’ensemble des prévenus était aussi poursuivi pour des faits contraventionnels (dégradations) pour lesquels le procureur n’a pas jugé utile de requérir.
Dans un tel contexte, l’accusation a finalement été portée par la partie civile, qui a dû rappeler que le contenu de l’article d’opinion paru dans Lozère Nouvelle, considéré comme à l’origine du conflit, était argumenté et exempt de provocation, et qu’en tout état de cause, l’expression d’une opinion ne peut en aucun cas justifier la menace et la violence.
Le tribunal a manifestement été sensible puisqu’il a condamné les prévenus à 1 mois de prison avec sursis, et 300 € d’amende.
Concernant les demandes des parties civiles le tribunal a condamné solidairement l’ensemble des prévenus à indemniser à hauteur de 1000€ pour leur préjudice le directeur , le salarié et le stagiaire de l’association. Ceux-ci se sont vu également attribuer 300€ au titre des frais de justice.
L’ALEPE a été reconnue dans sa constitution de partie civile et l’évaluation de son préjudice (dégradations matérielles, pertes d’exploitation et préjudice moral) a été renvoyée à une audience du mois de mai. Ces éléments précis sont de nature à corriger les difficultés que la presse a eu à rendre compte du jugement, bien qu’elle fut présente au second rang.
Nous sommes sortis du tribunal sous les huées et l’ALEPE a donné une conférence de presse un peu plus loin à laquelle ne sont venus que 3 journalistes radio. Ceux-ci étaient pourtant beaucoup plus nombreux pendant l’audience avec de nombreuses caméras qui ont filmé la manifestation syndicale et l’affrontement entre les gros-bras de la Coordination Rurale et deux excités de l’Alliance avec les loups.
Ceux-ci étaient semble-t-il bien décidés à se donner en spectacle en affrontant les éleveurs, ternissant la démonstration de sang-froid des principaux concernés par l’affaire.
Je tiens à saluer le courage du président et de tous les membres de l’ALEPE. Malgré la satisfaction que justice soit rendue, cette journée a été particulièrement éprouvante. Je vous encourage à soutenir massivement l’ALEPE, qui en a besoin pour rebondir et se préparer à affronter une période particulièrement difficile dans le contexte national que l’on connaît (attitude de l’Etat) et dans le contexte lozérien où il ne fait pas bon émettre une opinion divergente de celle des éleveurs.
Concernant la Coordination Rurale, l’audience a démontré leur fonctionnement groupusculaire et leur volonté d’en découdre physiquement. France Nature Environnement Languedoc-Roussillon et sa fédération nationale FNE soutiennent l’ALEPE et appelle l’ensemble du mouvement associatif à faire bloc autour de ceux qui sont mis sous pression. »
Simon Popy, président de FNE Languedoc-Roussillon.