
Super-pouvoirs de l’Océan
En novembre 2023, France Nature Environnement a été partenaire de France Télévision pour l’organisation d’une soirée dédiée à la protection des mers et océans sur France 2 : « les super-pouvoirs de l’océan ». À cette occasion, les téléspectateurs ont donné plus d’1 million d’euros pour financer 9 projets1 concrets de restauration/protection de notre milieu marin : merci à vous !
Parmi ces projets, un projet présenté par FNE Provence Alpes Côte d’Azur et FNE Occitanie-Méditerranée sur la protection des petits fonds côtiers de Méditerranée.
Pourquoi les petits fonds côtiers ?
« Point chaud » de biodiversité à l’échelle de la planète, la mer Méditerranée accueille plus de 17 000 espèces, soit 10 % des espèces répertoriées mondialement, alors qu’elle ne représente qu’1 % de la surface maritime du globe. Les petits fonds côtiers ont un rôle essentiel pour cette biodiversité, notamment pour les poissons, qui y passent pour la majorité une partie voire toute leur vie. Plus largement, ces zones font partie des zones les plus productives et des plus riches de la mer car on y retrouve deux conditions nécessaires au développement de la vie marine et de la chaîne alimentaire (trophique) marine :
• De la lumière, jusqu’à ~50 mètres de fond, en fonction de la turbidité
• Des nutriments : provenant principalement des fleuves côtiers
Ils se composent d’une mosaïque d’habitats : grottes sous-marines, fonds meubles, fonds rocheux, herbiers sous-marins (notamment de Posidonie), coralligène…
Parce qu’ils constituent des zones productives et qu’ils se situent à l’interface entre terre et mer, les petits fonds côtiers concentrent l’essentiel des activités humaines en mer : pêche professionnelle et de loisirs, autres activités de loisirs (baignade, plongée, nautisme…), rejets divers (pollutions), aménagement intensif, urbain et portuaire, du littoral. La plupart de ces activités, et leur maintien, dépend de la bonne santé des écosystèmes et des services qu’ils rendent : productivité biologique, régulation de la qualité de l’eau, stabilisation des fonds, esthétique, cadre de vie… Or, il apparaît que les habitats des petits fonds côtiers de Méditerranée (d’intérêt communautaire) sont en mauvais état de conservation.
L’objectif du projet « Petits Fonds Côtiers de Méditerranée » est de financer des actions concrètes d’acquisition de connaissance, de sensibilisation et de restauration des petits fonds côtiers ,dans l’objectif de mieux les protéger
1- « Vue du Rocher » : évaluer l’efficacité des mouillages écologiques à l’Anse de Paulilles et sensibiliser sur l’intérêt de protéger la côte Vermeille
La côte rocheuse des Pyrénées-Orientales abrite une biodiversité marine et littorale riche et remarquable. C’est à ce titre qu’a été désigné sur une partie de son périmètre une réserve nationale marine depuis 1974, qui s’étend désormais sur 1 680 ha suite à un récent projet d’extension. Grâce à votre générosité, nous avons financé l’association « Les Ami.e.s des Posidonies » pour de recruter sur 2 ans deux services civiques pour sensibiliser :
• les scolaires locaux (Port-Vendres, Banyuls, et département) sur la faune ordinaire des rochers de la zone de balancement des marées à travers des suivis sur site, des supports pédagogiques et des interventions en classe afin de les sensibiliser à la diversité du monde vivant et par là-même à s’approprier leur patrimoine naturel
• les usagers sur terre (le long du sentier côtier) et en mer (plaisanciers) de l’Anse de Paulilles sur la réglementation du site : pêche à pied, sous-marine, mouillage…
Par ailleurs, notre financement permettra de réaliser une évaluation du respect de la réglementation de la zone de mouillage écologique (ZMEL) de l’Anse de Paulilles. Ces dispositifs, qui visent à diminuer l’impact des mouillages des bateaux de plaisance sur les herbiers de posidonies, fleurissent depuis quelques années sur notre littoral méditerranéen. Or, il est important de pouvoir suivre et caractériser le respect de ces ZMEL par les usagers afin d’adapter leur gestion pour les rendre efficace et retrouver des herbiers de posidonies en bonne santé.
2- « Lido » : un film sur l’évolution des usages de la plage de Villeneuve-lès-Maguelone et les enjeux auxquels sont confrontés les gestionnaires d’espaces naturels
La plage de Villeneuve-lès-Maguelone est une des rares plages naturelles dans les alentours de la métropole de Montpellier. Situé entre les étangs d’un côté et la mer de l’autre, cet espace littoral unique abrite un écosystème remarquable et occupe une place particulière dans le cœur de celles et ceux qui sont habitué.e.s à le fréquenter. Néanmoins, avec l’évolution des usages (bateaux à moteur, vélos électriques, etc.), le développement démographique de la métropole et l’évolution des aspirations de la société, la fréquentation de ce lido évolue depuis quelques années. À titre d’exemple, il n’est plus rare, certains jours d’été, de voir jusqu’à 200 bateaux jeter l’ancre sur la partie qui était jusque-là la moins fréquentée, car peu accessible à pied (parking éloigné). C’est ce qu’on appelle le « beaching ».
Le financement permet de faire un film afin de montrer, en donnant la parole aux acteurs locaux, quels défis sont ou seront posés par l’évolution des usages sur le littoral de Villeneuve-lès-Maguelone (impacts sur la biodiversité, conflits d’usage, etc.) ainsi que les réflexions sur les actions à mener qui en découlent. L’ambition de ce document vidéo est de sensibiliser le grand public aux problématiques induites par la (sur)fréquentation de tels espaces naturels. Nous souhaitons également qu’il prenne conscience des difficultés que peuvent rencontrer les décideurs politiques et gestionnaires d’espaces naturels protégés pour faire face à ces problématiques, y remédier ou les prévenir.
3- « RECRUE » : se donner toutes les chances de sauver la Grande Nacre
Bivalve filtreur endémique de Méditerranée, la Grande Nacre peut atteindre 1,20m et l’âge de 40 ans. Cette espèce, dont l’extrémité pointue est enfouie dans les sédiments, se retrouve dans les petits fonds côtiers sableux, sablo-vaseux et les prairies de posidonies ou de zostères. Depuis 2016, un épisode de mortalité massive touche les Grandes Nacres en Méditerranée. Ce dernier est dû à un parasite (un protozoaire) qui se retrouve dans leurs glandes digestives de l’animal. L’étang de Thau est désormais un des derniers sanctuaires de ce bivalve (plus de 100 000 individus), si ce n’est le dernier, désormais classé par l’UICN comme étant en danger critique d’extinction. Depuis plusieurs années, de nombreux conchyliculteurs de Thau retrouvent dans leurs engins de captation des naissains. Or jusqu’à présent, ne sachant quoi en faire, ils les jetaient. Dans ce contexte, le projet « RECRUE », financé par vos dons, permet au Syndicat Mixte du Bassin de Thau de réaliser les actions suivantes sur 3 ans :
poursuivre et compléter les suivis scientifiques (répartition et suivi mortalité) des Grandes Nacres
lancer un réseau de collecte des naissains avec les conchyliculteurs
stocker les jeunes individus en bassin de stabulation pour les mettre à disposition de la communauté scientifique et les gestionnaires européens intéressés
La Grande Nacre est une espèce qui gagne à être connue et qui mérite qu’on fasse le maximum pour empêcher sa disparition. C’est donc en toute logique qu’une partie des dons des téléspectateurs financent ce projet porté par des acteurs qui montrent la voie.