Aumelas, historique du combat
De lourds impacts sur la faune aviaire
Entre 2010 et 2024, plus de 500 oiseaux et chauves-souris protégés, parmi lesquels 70 faucons crécerellettes, une espèce emblématique en déclin, ont été retrouvés morts au pied des éoliennes du parc d’Aumelas, dans l’Hérault. Construit entre 2006 et 2013, ce parc regroupe 31 éoliennes réparties sur les communes d’Aumelas, Montbazin, Villeveyrac et Poussan. Ce parc est exploité par 9 sociétés filles du groupe EDF Renouvelables.

Dès les premiers constats de mortalité, France Nature Environnement Occitanie Méditerranée (FNE OCMED) s’est mobilisée pour alerter les autorités. Aujourd’hui, cette affaire devenue emblématique interroge la manière dont la transition énergétique peut — et doit — être conduite dans le respect des écosystèmes.
Une biodiversité en péril
Le causse d’Aumelas, classé Natura 2000 en 2016, est un haut lieu de biodiversité méditerranéenne, avec des habitats de garrigue bien conservés et une faune aviaire remarquable. Parmi les espèces présentes, le faucon crécerellette occupe une place centrale. Ce petit rapace migrateur, longtemps menacé de disparition en France, avait vu ses effectifs chuter à seulement deux couples dans les années 1980. Grâce à de lourds efforts de conservation, sa population a remonté la pente pour atteindre environ 350 couples dans l’Hérault, qui abrite la principale colonie Française. Toutefois, les scientifiques estiment que sans l’impact des éoliennes d’Aumelas, ce chiffre aurait dû être deux fois plus élevé. Le parc se situe en pleine zone de chasse du faucon, ce qui explique la fréquence des collisions mortelles.



EDF Renouvelables affirme avoir mis en place, dès 2013, un dispositif baptisé DT Bird visant à réduire les risques pour l’avifaune : des caméras détectent les oiseaux à l’approche et déclenchent des signaux sonores ou, en principe, un arrêt temporaire des turbines. Or, cette dernière fonctionnalité n’a jamais été activée sur le site, et l’efficacité du dispositif reste à ce jour non démontrée. Sur demande de France Nature Environnement (FNE), la justice civile a déjà condamné EDF en 2021, rappelant l’illégalité de toute destruction d’espèces protégées sans dérogation, EDF ayant toujours refusé de demander cette dérogation malgré les nombreuses mises en garde de l’administration (DREAL).
Justice pour les faucons crécerelettes
Malgré cette première condamnation civile, le groupe EDF Renouvelables a poursuivi l’exploitation du site en détruisant de nouveaux spécimens d’oiseaux et de chauves-souris protégés. Face à la persistance de ces destructions illégales, France Nature Environnement Occitanie Méditerranée (FNE OCMED) a décidé de porter l’affaire devant la justice pénale.
Cette démarche a abouti le lundi 7 avril 2025 à une décision du tribunal correctionnel de Montpellier ordonnant la suspension de l’activité du parc pour une durée de quatre mois, avec exécution provisoire, et condamnant les dix sociétés du groupe EDF Renouvelables chargées de l’exploitation du parc à 500 000 euros d’amende (dont 250 000 avec sursis) chacune. L’ancien PDG d’EDF Renouvelables, Bruno Bensasson était condamné à six mois de prison avec sursis, et 100 000 euros d’amende (dont 30 000 avec sursis). Cette victoire sans précédent dans la protection de l’environnement n’a pas pour but de freiner ou d’empêcher l’éolien en France mais bien de concilier la transition énergétique avec la protection de la nature et du vivant.
Un combat à poursuivre
Cette victoire est le fruit d’un travail de fond important mené sur plus d’une décennie par le mouvement FNE : des bénévoles de terrain, mobilisés sans relâche au fil des années, des experts scientifiques ainsi que les juristes de France Nature Environnement, déterminés à faire respecter le droit de l’environnement. Outre le coût déjà élevé des actions de justices passées, il faut souligner que la décision du tribunal judiciaire de Montpellier n’est pas restée sans suite. Elle a fait l’objet d’un appel du groupe EDF Renouvelables qui a suspendu les condamnations et prolongé le litige. Ce dossier n’est pas terminé et la continuation des procédures judiciaires va entraîner des frais juridiques supplémentaires pour les trois prochaines années au minimum.
Pour que l’arrêt historique du tribunal de Montpellier, soit confirmé en appel, nous avons besoin de votre soutien. Chaque don permet de poursuivre ce combat entamé il y a plus de 10 ans pour défendre les faucons crécerellettes, les busards cendrés, les chauves-souris, et toutes les espèces protégées décimées par les éoliennes d’Aumelas.
